Après vous avoir parlé de la Mauritanie et du spot de La Baie d’Etoile, on vous présente Maud Maillard, une française de 33 ans qui s’est retrouvée manager pour un kitecamp là-bas et qui nous en dit plus sur sa vie dans le désert et sur cette région plus que ventée…
Salut Maud, est-ce que tu peux te présenter rapidement?
Je m’appelle Maud, j’ai 33 ans (ben oui c’est la vie….) Originaire de saint Etienne, mon truc, avant, c’était la neige, le froid, la montagne et le ski… jusqu’à que je parte voir une amie qui travaillait à Tibau do Sul au Brésil (spéciale dédicace à la Casinha da Mary). Ce n’est pas si mal que ça les vacances au soleil !! Ergothérapeute de formation, j’ai bossé dans le paramédical presque 9 ans et ai fait des jobs en tout genre (de auxiliaire de puériculture à barmaid en passant par gardienne de refuge, j’en passe et des meilleures).
Accro aux voyages et aux rencontres qui en découlent, les 5 semaines de congés payés, ça m’angoisse ! Du coup, j’ai fait quelques voyages un peu plus longs dont le brésil, une deuxième fois. Après m’être galérée désespérément en surf, je me suis laissée tenter par le kite avec un pote qui était venu me rejoindre et qui m’a poussé. (deux jours en fin de voyage) et j’ai tiré mon premier bord à Sao Miguel do Gostoso.
Tu es aujourd’hui manager de l’auberge des dauphins, un kitecamp situé sur le spot de la Baie d’étoile, en Mauritanie. Comment tu t’es retrouvée dans cette aventure?
Comment dire… j’ai laissé le vent me porter. C’est un peu le résultat de bonnes (et de moins bonnes…) rencontres. Septembre 2013, je pars en road trip avec une copine et le petit camion jaune au Maroc. Objectif : être à Dakhla le mois suivant et y rester un mois pour progresser un peu. (Pascaline savait déjà qu’elle remonterait en avion directement).
Je trouve un job, juste avant de repartir, début novembre où je resterai jusqu’à mi-février. C’est à cette date que je dois faire un aller-retour en Mauritanie (question administrative héhé). On m’a parlé d’un camp en projet à 50 kilomètres de la frontière. Je le vois, passe la nuit à côté dans le petit camion jaune et j’hallucine, c’est trop beau ! Bref, je dois repartir… (fin de l’histoire ?)
De retour à Dakhla, je souhaite rester jusqu’au PKRA, histoire de voir. Mais comme la vie en camion dans le désert pour une fille (ou même pas), c’est parfois sport, j’installe le petit camion jaune sur le parking de l’auberge des Nomades pour avoir un peu de confort (toilettes, douche).
Après plus d’un mois, je rencontre le patron de l’auberge des Nomades, the Sidi (le même qui a le camp en Mauritanie), on discute au petit dèj et deux heures après :
– Lui : « Manager du camp en Mauritanie, ça te dirait ? »
– Moi : « euh… manager ?… euh … Mauritanie ? euh …. Qu’est-ce que ma maman va dire ? » (C’est vraiment les paroles qui ont été dites)
Je pars début mai pour voir et je dis : Yallah !!! Ce n’est pas simple tous les jours, c’est le désert, je suis une fille, c’est un spot encore inconnu mais le projet j’y crois, j’y reste ! Challenge!
A quoi ressemble ce kitecamp?
Des bungalows, les pieds dans l’eau, au milieu des chameaux !!! Tous équipés avec vue sur le spot. On est au cœur du poulailler ! On veut garder l’esprit famille et conviviale de l’auberge des nomades (à Dakhla) avec un peu plus de confort. D’ailleurs, y a un peu du staff qui est venu suivre l’aventure avec nous et pas des moindres. Big up Omar et Ahmed !
Tout rider trouvera son pêché mignon… Un speed spot, à deux bords du camp, pour s’envoyer en l’air ou courser les mouettes ravira freestyleurs et speed raceurs. Les ballades possibles feront la joie des navigateurs au long cours. Quant aux débutants, avec une baie presque fermée, ça rassure. Mais aussi ceux qui vont au-delà des apparences… c’est-à-dire qui viennent voir malgré ce qu’on peut entendre.
Le spot de kite a l’air fou… est ce que tu peux nous en parler plus en détails?
Le spot s’appelle la baie d’étoile, reconnaissable par la roche en forme de champignon et le petit camion jaune toujours garé devant. 😉 C’est une vaste baie dans une lagune.
Pourquoi c’est un coup de cœur ? :
– parce que c’est beau : seulement deux couleurs celle du sable et de l’eau et pourtant on a l’impression qu’il y en a mille.
– parce que c’est vide : une immense sensation de liberté en navigant. Seulement quelques pionniers ont gouté au spot.
– parce que c’est flat et qu’on aime ça
– parce que c’est nature : des flamants roses et des pélicans quasi tous les jours au rdv, du poisson qui saute de partout, des dauphins pour les plus chanceux, des chameaux en spectateurs
– parce que ça navigue quasi tous les jours depuis que j’y suis, c’est très venté!
– parce que c’est chez moi (hum hum) !
– parce que c’est nouveau et qu’il y a tout à découvrir : la lagune s’étend à perte de vue, l’accès atlantique. On a déjà fait quelques balades bien sympas. Sans oublier le banc d’Arguin, à 180 kilomètres de là et qui s’annonce paradisiaque.
Les moins : quelques filets et huitres qui sont amenés à disparaitre car l’on dépend d’une réserve naturelle. On ne connait pas tout donc les clients découvrent en même temps que nous.
Qu’est ce que tu penses de la sécurité et de la santé en Mauritanie? Et sur le spot en question?
Hein hein le sujet d’actu… je suis venue seule, j’ai dormi dans mon camion en février sans la moindre inquiétude. Peut-être que j’irai pas trop me balader dans le désert aux frontières Est… quoique ça à l’air tellement beau !!
Ensuite, pour ce qui est de Nouadhibou (ndlr : c’est la ville la plus proche du camp, à 20min environ), c’est vraiment tranquille, la région est assez policée et encore très militarisée, je m’y ballade de jour comme de nuit. Quant au camp, y a la police à 1 km à droite et la gendarmerie à un 1 km à gauche. Et je dis cela franchement, je tiens à ma vie quand même.
Côté santé, je te cache pas que je préfèrerai qu’il ne m’arrive rien de grave comme beaucoup de pays où je suis déjà allée d’ailleurs. Par contre, contre toutes attentes, l’eau du robinet est potable. Le paludisme ne nous concerne pas.
A part la Baie d’Etoile, quels sont tes autres coups de coeur kite?
Je me suis mise au kite il y a deux ans. J’étais un peu limitée quand je suis arrivée à Dakhla, je remontais tout juste au vent. Donc oui Dakhla, c’est cool mais c’est très fréquenté.
J’ai tiré mon premier bord à Sao Miguel de Gostoso, du coup ça avait l’air bien mais perso je regardais plus mon aile que ce qu’il y avait autour. Et j’ai navigué une fois avant Dakhla en Bretagne (Lancieux).
Du coup, je ne peux pas trop dire mais j’ai vraiment envie de me mettre au strapless ( si quelqu’un veut m’envoyer un petit cadeau, à bon entendeur … hihi) et forcément la Colombie m’attire (c’est un peu à cause de vous) et puis j’irai bien faire un ptit tour au Cap Vert !
Merci Maud! Un dernier petit truc que tu aimerais nous dire?
– Venez !!!
– Pour le petit camion jaune, mais c’est un rêve de petite fille et il a sa part de célébrité.
– Plein de gens m’ont dit le kite leur a changé la vie, techniquement je ne peux pas dire le contraire.